Moi j'ai un background

Figure locale à Des Moines, Charlie hante les salles de concerts et bars accueillant les artistes depuis presque une décennie, mentant sur son âge à l'époque (ne faites pas pareil) pour se voir ouvrir des portes qu'iel savait pertinemment vouloir se voir ouvrir. Obstiné·e, le "non" devient très vite un "oui", même s'il est accompagné de soupirs, et d'une démo des tables utilisées par les ingé sons vieillissant qu'iel côtoie depuis la fin de son adolescence. Charlie n'a jamais désiré être artiste : son truc, c'est d'accompagner les autres, celleux qui brillent de milles feux, pour répandre leur amour commun pour la musique.

On l'a jamais trop vu·e en dehors, Charlie. On lea croise parfois, toujours solo en journée, pour son iced coffee du jour, à la terrasse d'un de ces nouveaux cafés branchés, qui vont et qui viennent, dans la majorité des villes à travers le monde. Le casque toujours visé sur le crâne, les lunettes de soleil sur le nez la majorité du temps, un livre abandonné quand iel griffonne des longueurs de textes acharnées dans son carnet qui ne lea quitte jamais. Le soir, c'est dans les bars qu'on lea retrouve quand iel ne bosse pas, alors accompagné·e pour retrouver son cocon. Mais cela devient assez rare parce qu'en plus de l'aide ponctuelle qu'iel apporte aux salles de la ville, Charlie accompagne Sunlight Sam depuis pratiquement ses débuts. Ses premiers mots envers celle qui allait rapidement prendre autant de place dans sa vie auraient été "Tu devrais te débarrasser de cette meuf, elle te nique ton talent", à propos de celle qui lea précédait comme "ingé-son-fait-tout".

On l'entend rarement pourtant, aussi. Les avis tranchés se partagent via des oeillettes bien comprises par celleux qui ont pris l'habitude de l'entourer. Les mots lui semblent toujours arrachés, sauf si c'est pour commenter le dernier album sorti d'un·e de ses artistes indie préféré·es. Ou pour cogiter sur la carrière qui n'attend que Samantha, chuchotements aux oreilles de la chanteuse pour la soutenir dans sa quête.

Dans ma valise

Un casque Marshall Monitor II A.N.C en noir, calé sur la tête 99% du temps, l'a retiré uniquement aux contrôles de sécurité pour faire plaisir aux douanier·ière·s. Une veste en cuir Allsaints noire, élimée au niveau du bout des manches, avec les clés de son appartement dans une poche, son Iphone 15 Pro max dans l'autre. Une bague en argent à chaque doigt, aux motifs divers et variés. Une paire de converse qui a vu des meilleurs jours mais qui tient encore, par miracle. Les fringues habituels, composés d'un jeans et d'un t-shirt blanc.

Un sac à dos eastpack noir qui contient une batterie et un câble de rechargement pour son téléphone portable, avec le chargeur un peu plus loin. Sa liseuse, chargée à bloc mais qui ne l'empêche pas de prendre quand même des livres avec, parce que rien ne remplacera totalement le toucher du papier véritable (Blues et féminisme noir d'Angela Davis et un recueil de poésie queer). Une boîte de capotes parce qu'on peut compter que sur soi-même dans certains moments et pas sur ses futur·es partenaires d'un soir. Un paquet de mouchoirs, une brosse à dents en bambou et un dentifrice solide. Un shampoing et un après-shampoing solides, également. Une paire de lunettes de soleil Vivienne Westwood dans leur étui. Un tube de crème solaire, déjà entamé à moitié. Son portefeuille, dans le fond, comprenant ses papiers d'identité, sa carte de banque, sa carte de crédits, des cartes de fidélité, quelques cartes de visites récoltées sur une des tournées de Sunlight Sam. Un carnet noir, type moleskine et un stylo bic à encre noire. Un briquet, même si iel ne fume plus depuis 6 mois maintenant.

En soute, sa valise verte foncée, recouverte d'autocollants de groupes et d'artistes divers et variés. A l'intérieur, trois jeans levis, cinq t-shirts blancs, trois marcel blancs. Une veste en jeans couvertes de patchs. Des sous-vêtements. Un autre tube de crème solaire, complet cette fois. Un t-shirt ultra large qui a vu de meilleurs jours et un short tout aussi large, pour servir de pyjama. Un imperméable et des bottes de pluie, au cas où parce qu'iel a vu les tiktoks des festivals européens plein de boues. Un gel douche, senteur monoi. Un hoodie vert sapin. Son mac, lui aussi couverts d'autocollants. Son disque-dur avec le cable et l'adaptateur nécessaire pour le brancher au mac. Une petite trousse avec quelques outils classiques type tournevis et pinces plates, écrous, vis et clous pour tenter de rafistoler ce qui peut l'être. Du papier collant d'électricien et un rouleau de papier-collant gris bien épais, bien "je répare tout avec". Un zippo gravé, cadeau d'un ancien temps qu'iel n'a pas voulu se faire confisquer en le laissant dans son sac à dos.