Moi j'ai un background

Sam fait des rêves comme elle vit ses journées, par à-coups distendus qui pointent vers le même objectif, la véritable conscience. Celle qui mène au bonheur et à la douceur, à la compréhension et à l'harmonie, à l'introspection et parfois à la perte mais surtout au mouvement. Sam marche parmi les hommes ; grossiers et brutaux, aux parfums rances et cassant ; sans les aimer mais en leur offrant son véritable cœur, sa musique pour leur pardon, que leurs âmes soient purifiées par la mélancolie. Si on lui demande pourquoi elle n'a pas percé, elle offre un sourire qui perce les nuages avant de guider un nouvel esprit dans un tourbillon d'émotions nouvelles, un univers où prendre soin des autres devient spontané, où les différences s'effondrent. La musique a trouvé Sam alors qu'elle ne cherchait personne et leur osmose s'est faite instinctivement comme un bernard-l'ermite trouvant enfin sa coquille. Comme un astre singulier, cette nouvelle conscience a su s'entourer de personnes fiables et sincères, croyant en sa musique et gravitant autour d'elle, comme rassemblés par l'inexorable attraction que produit Sunlight-Sam dans ses concerts comme au quotidien.  

Dans ma valise

Sac de Cabine :
Un sachet de noix décortiquées, son carnet de prise de notes/paroles, deux stylos et trois crayons. Une paire de tampons, un petit flacon de Queen of Silk de Creed, des pastilles à la menthe, deux tickets de métro, un médiator fétiche de Mick Jones des Clash, un bandeau de nuit pour les yeux, des écouteurs sans fil, un guide du festival Esperanto de l'année dernière, un marqueur vert, deux élastiques à cheveux, une fiole de brumisateur et une autre de gel hydroalcoolique, aussi délaissé depuis quelques temps que le masque ffp2 qui sert de fond de sac. Un duo bille, bio et naturel, sans alcool quand à lui, accompagne une pince à épiler et un miroir de poche. Son téléphone, une batterie de secours à moitié vide mais avec son câble de chargement, ça servira plus tard. Les clefs de son appartement et de sa voiture, les deux jeux fixés sur un mousqueton rempli de porte-clefs volumineux et laids, probablement divers cadeaux. Atlas Complex, le dernier tome de la trilogie, légèrement entamé et moins captivant que les deux premiers. Trente-sept dollars et douze cents dans son portefeuille au milieu des diverses cartes bancaires, de fidélité, d'accès à divers magasin, et une pile de ticket de carte, il faut bien faire ses comptes. Le vieil harmonica familial, le tout accumulé sur un top de rechange, en cas de tâche dû à une sauce, à un technicien couvert de graisse noire ou autre. Grâce à des regards doux et un billet de 20$ donné à un.e des Stewarts, elle a aussi pu prendre sur ses genoux son petit étui à Ukulélé dans lequel se trouve l'instrument, un accordeur et quelques cordes de rechange.

Valise en Soute :
Sa tenue de scène en deux exemplaires, ( Hormis le chapeau de cowgirl qui est unique ) composé de deux levis, deux débardeurs en jean eux aussi, un grand manteau brun avec des franges voulant rappeler les indiens, deux robes blanches et deux serre-taille, l'un beige et l'autre blanc et doré, ainsi qu'une paire de bottes de country beige.
Aide-soignante oblige, elle traîne dans le fond de sa valise sa trousse de bobologie, ne permettant en rien une opération mais pouvant rassurer les enfants qui tombent par terre pendant ses sets, vu l'heure à laquelle elle passe souvent, le pit est vide et les plus jeunes y jouent parfois à la marelle. Et on ne sait jamais si une personne âgée a une fuite et a oublié sa poche. Une paire d'anciennes attelles traînent aussi, ayant déjà servies pour elle-même. Pour les autres jours, une bouillotte pour réchauffer ses nuits, aidée par la dernière lettre torride envoyée par Karry, cette magnifique femme de Détroit de dix ans son aînée, avec qui elle n'est pas mais est un peu son ancrage sentimental ; elles se voient rarement mais chaque seconde où elles se croisent devient étincelles avant qu'elles ne repartent chacune vivre leur vie et leurs amours. Le temps peut exploser, Karry restera Karry.
Plusieurs outfits amoncelés, passant de la petite jupette un peu trop courte et chemisier de festivalière avec baskets à la grande robe presque de cocktail et talons hauts, pour le moment où une riche visiteuse lui proposera de l'accompagner en soirée privée dans l'une des immenses villa jouxtant de festival. Mais aussi et des plus importants, l'ensemble survêt et pull à capuche noire oversized avec paire de lunettes, au cas où trop de fans hystériques ne la reconnaisse. ( Jamais arrivé. )
Un kit de toilettes complet avec serviettes, des bijoux originaux et issu de l'artisanat d'une cousine mais pas tape-à-l'œil, son ordinateur portable, trois-cent dollars cachés dans une paire de chaussettes, sa guitare et le matériel d'entretien lié, une bouteille de vin rosé pour le premier jour, le reste sera acheté sur place.